Hannibal sur Warner TV

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Informations principales

Titre: Hannibal
Heures de diffusion: 20:55:00 - 23:00:00
Date: 05/08/2018
Chaine: Warner TV
Categories: Thriller

Synopsis

Suite du fameux Silence des agneaux, où l’on assiste aux retrouvailles entre la Belle, ex-confidente du monstre, et la Bête, Hannibal – toujours cannibale. Plutôt décevant, malgré un Anthony Hopkins fascinant, qui tire son personnage vers l'esthète maudit, grand malade sophistiqué hors du temps. Le triomphe américain de cette suite au fameux Silence des agneaux laisse perplexe. On dirait en effet (ou en manque d'effets, justement) que les cornacs de Hannibal ont juré de décevoir les attentes légitimes de l'amateur d'épouvante mâtinée de thriller psychologique ­ c'est, en gros, la recette que Jonathan Demme avait fait prendre au premier opus. Soit donc Hannibal Lecter, alias le Cannibale, en liberté. Soit Clarice Starling, star diaphane et de choc du FBI, ex-confidente du monstre, toujours célibataire et adéquatement mise à pied pour une douloureuse bavure. Soit enfin Mason Verger, ex-victime de Lecter, milliardaire défiguré en « elephant man » roulant et qui paierait cher pour rendre au centuple à son bourreau. L'idée de Verger est simple : utiliser Clarice pour coincer le Cannibale. Sa mise en oeuvre est beaucoup plus compliquée. Elle l'était sans doute dans le roman de Thomas Harris, mais les scénaristes semblent s'être employés à compliquer encore ces complications. De fait, les retrouvailles entre la Belle et la Bête (transparent, le rapprochement avec Cocteau est souligné par une phrase du dialogue) sont différées pendant une bonne heure et demie. En attendant, quoi ? On fait patienter le client. On meuble. Hannibal a refait surface à Florence en spécialiste de la Renaissance italienne ? Voici du vernis culturel, du Dante, du Médicis, de la déco vieille Europe, des « ambiances » dont se pourlèche l'imagier qu'est resté Ridley Scott. On prend le temps aussi d'entortiller le thème de la manipulation ­ ici se reconnaît la touche David Mamet au scénario. On ennuie, on endort, peut-être, mais ce refus de jouer la carte du « Bouh ! fais-moi peur » est aussi manière de distiller çà et là quelques incidentes. Ainsi s'esquisse une lecture théologique de ce qui sépare et attire l'un vers l'autre le papiste Lecter (le catholicisme, religion « cannibale ») et la luthérienne Clarice (les protestants nient la transsubstantiation). Voilà qui donne un tour plus spirituel encore à cette peu banale histoire d'amour ­ car il s'agit bien de cela. Une légère dose de gore et la scène anthologique dite de la « dégustation de cervelle » (on n'en dira pas plus) viennent à peine amender le caractère résolument décalé du film. Face à une Julianne Moore qui fait son job, sans essayer de refaire Jodie Foster, Anthony Hopkins n'a aucun mal à tirer le personnage du Cannibale vers l'esthète maudit, hors du temps, grand malade sophistiqué pas si éloigné du larbin des Vestiges du jour. Le méchant, ce n'est clairement pas lui, mangeur d'hommes, mais les vengeurs cupides, les matérialistes machos et cyniques. On n'est plus chez un serial-killer superlatif (depuis Seven, à quoi bon ?) mais dans un genre mal défini de surnaturel, et cette dimension nouvelle est in fine le maigre apport d'un film impersonnel et mort-né, globalement médiocre, cadavre aux rares morceaux digestes. On ne poussera pas la perversion jusqu'à les trouver exquis - François Gorin Avec : Ridley Scott, Anthony Hopkins, Julianne Moore, Gary Oldman, Ray Liotta, Frankie Faison, Giancarlo Giannini, Francesca Neri, Zeljko Ivanek, Hans Zimmer, David Mamet, Steven Zaillian, Thomas Harris 2000