Synopsis

| Genre : ethno-picaresque.

Qu’allaient chercher en 1954 Damouré Zika, Lam Ibrahima Dia et Illo Gaoudel sur la Gold Coast, colonie britannique du golfe de Guinée que l’accession à l’indépendance rebaptisa Ghana trois ans plus tard ? Une hypothétique richesse, mais aussi l’aventure et le prestige qui en découlent. Devenir des « jaguars » (« jeunes hommes galants et bien peignés, que tout le monde regarde »), impressionner leur entourage à leur retour au Niger et faire briller les yeux des « belles filles », voire trouver une épouse…

Sur le mode savoureux du conte, Jean Rouch suit le périple de ces trois amis à travers une Afrique qu’il filmait comme personne — à l’épaule, avec une grâce confondante et une liberté euphorisante. « Si tu arrives dans un pays, c’est le pays qui te change », nous explique l’un d’eux avant de s’étonner de la nudité des Somba, en précisant qu’« il ne faut pas se moquer d’eux ». Car c’est en ethnologues que Damouré, Lam et Illo découvrent les pays qu’ils traversent et nous rendent témoins de leurs expériences avec une allégresse qu’on aurait tort de prendre pour de la naïveté. Il n’y a qu’à les entendre parler des tracasseries douanières ou de l’exploitation coloniale de l’or…

Tournées avant l’invention du son synchrone, les images muettes de Jaguar ont été projetées treize années plus tard aux trois protagonistes, qui, dialoguant entre eux, ont participé à la sonorisation de ce film picaresque, d’une beauté enthousiasmante.