Synopsis

La Shoah vue par un roi de l'efficacité hollywoodienne. Sublime noir et blanc, suspense limite (la scène des douches), acteurs filmés tels des fauves : l'itinéraire de cet industriel profiteur devenu un « juste » est d'une intensité suffocante. | Genre : reconstitution mélodramatique. En 1994, le débat avait fait rage, opposant certains, qui jugeaient le film juste et utile, à ceux qui n'y voyaient qu'indécence et ­manipulation. Les arguments moraux restent les mêmes aujourd'hui, mais l'urgence est moindre : nulle trace de cette ambition qu'on avait prêtée à Spielberg de réaliser la fiction « ultime » sur la Shoah. C'est bien d'un fragment d'Histoire très précis qu'il s'agit : comment l'Allemand Oskar Schindler a sauvé des Juifs, pour faire tourner l'usine qui l'enrichissait et, peut-être, par conviction. Le film provoque tout de même des réticences. Notamment avec ce suspense déplacé autour des chambres à gaz : des déportées attendent la mort, tandis que de l'eau coule des douches... La dernière partie est faible, alourdie par la « conversion » trop démonstrative de Schindler. Mais les deux premières heures restent exceptionnelles : l'ascension de l'opportuniste industriel, et la reconstitution du ghetto de Cracovie, jusqu'à sa liquidation. On saluera encore les interprétations de Ben Kingsley, le comptable de Schindler, et de Ralph Fiennes, le chef de camp sadique. — Aurélien Ferenczi Avec : Steven Spielberg, Liam Neeson, Ben Kingsley, Ralph Fiennes, Caroline Goodall, Embeth Davidzt, Malgoscha Gebel, Mark Ivanir, Béatrice Macola, John Williams, Steven Zaillian, Thomas Keneally, Ewa Braun, Janusz Kaminski 1993