Synopsis

Pierre Laval, trois fois président du Conseil sous la Troisième République, a été l'un des principaux acteurs de la collaboration française avec l'Allemagne nazie. Sa fille, Josée, tenait un agenda journalier, témoin des mondanités et de la politique du tout Paris des années 1930 à 1970. Des documents restés inédits jusqu'en 1996 qui ont servi à illustrer cette biographie de Pierre Laval.

Fille unique d’un des principaux artisans de la politique collaborationniste de la France, Josée Laval aura nourri tout au long de sa vie un amour inconditionnel pour son père, qui l’aura aveuglée jusqu’au bout sur les errements monstrueux de cet homme « parti de rien » et « parvenu [dès le début des années 1930] au sommet de l’Etat ». Dans les dizaines de carnets retrouvés entre autres notes, correspondances et coupures de presse, celle qui fut longtemps « heureuse des succès de papa » témoigne d’un quotidien riche en mondanités et en futilités, en ignorant obstinément le fracas de l’histoire. Le 19 juillet 1936, elle écrit « Début de la guerre civile en Espa­gne, Franco », puis « Acheté avec maman un grand manteau de vison. »

De la lecture de ces carnets, Yves Pourcher a tiré Pierre Laval vu par sa fille, paru chez Tallandier en 2014. Sans en être l’adaptation, le documentaire de Paule Muxel et Bertrand de Solliers propose une lecture subjective du parcours politique de Pierre Laval, à travers le point de vue de Josée et celui de l’histoire, personnifiée par le comédien Jacques Bonnaffé déambulant dans Paris. L’originalité de la démar­che, qui s’affranchit de la forme ordinaire du « docucu » historique pour s’accorder la liberté d’une vision plus vaste, ouverte aux mille et une ambiguïtés de la période et des destins humains, appelait plus d’ampleur.

Pris dans le cadre étroit d’un cinquante-deux minutes, ces Carnets de Josée Laval n’ont pas la cohérence de la version en deux parties qu’il nous a été donné de voir et dont on ne peut qu’espérer la diffusion, sous quelque forme que ce soit. ­Demeure l’audace d’un documentaire à part, comme la télévision nous en offre ­rarement.

Réalisateur : Bertrand de Solliers, Paule Muxel