Synopsis

La réponse spiritualiste de Tarkovski à 2001, de Kubrick. Dans la station spatiale gravitant autour de la planète Solaris, les cosmonautes reçoivent la visite de personnes issues de leurs fantasmes. Splendide réflexion sur l'éternité, où la lenteur du rythme crée une fascination permanente. | Genre : anticipation. Dans ce qui est probablement son chef-d'oeuvre, Stalker, Tarkovski montrait trois hommes bravant mille dangers pour aboutir devant « la chambre des désirs », qui devait les révéler à eux-mêmes. Mais ils renonçaient à y pénétrer. La peur de découvrir cette vérité, qu'ils cherchaient pourtant si âprement. Ici, nous sommes dans la station spatiale Solaris, où d'étranges événements se sont produits. Dès son arrivée, le héros apprend le suicide d'un savant. Solaris est entourée d'un océan bouillonnant, dont le bruit, doux et incessant, semble résonner comme un appel. Peut-être est-ce cet océan qui tente d'envoyer des preuves d'éternité à ces humains, trop rationnels pour les entendre. Peu à peu, comme dans un miroir, les quelques habitants de Solaris se retrouvent face à des « visiteurs », issus de leurs fantasmes ou de leurs souvenirs. Ainsi le héros se trouve-t-il brusquement en présence de sa femme, qui s'est suicidée il y a dix ans. Encore plus troublant : si on tente de les détruire, les « visiteurs » ressuscitent systématiquement. Mais ils deviennent, chaque fois, plus humains, donc plus susceptibles de souffrir. Qu'est-ce que tout cela signifie ? Film splendide où la lenteur, si on consent à s'y abandonner, crée une fascination permanente. Tarkovski l'a tourné comme une réponse au matérialisme de 2001 : l'Odyssée de l'espace, de Kubrick. Le dernier plan semble unir la Terre, où le héros est revenu, à cet océan dont elle n'est, en fait, qu'une infime parcelle. Pour Tarkovski, il existe un lien indissoluble entre l'homme et l'immensité. Qu'importe s'il reste indéchiffrable. — Pierre Murat Avec : Andrei Tarkovski, Natalia Bondartchouk, Donatas Banionis, Nikolai Grinko, Jüri Järvet, Anatoli Solonitsyne, Sos Sargsyan, Vladislav Dvorzhetsky, Olga Barnet, Eduard Artemev, Andrei Tarkovski, Friedrich Gorenstein, Stanislaw Lem 1972